
© LIGHTFIELD STUDIOS
PUBLIÉ LE 01/10/2018
-
Claire Eggermont
Auteur
A RETROUVER DANS
Inexploré n°40
Magazine » Enquêtes
Quand le contact révolutionne le deuil
L’expérience connue sous l’appellation « vécu subjectif de contact avec un défunt » (VSCD) semble plus répandue qu’on ne le croit. Spontané ou provoqué, ce désir de message pose la question du lien qui perdure post mortem.
Apercevoir la présence lumineuse d’un proche
décédé, sentir sa main se poser sur notre épaule,
reconnaître son parfum qui se diffuse dans la pièce,
recevoir un message de sa part à travers un rêve, un
médium ou une séance d’hypnose... D’après différentes
études, entre 25 et 45 % des Occidentaux
auraient déjà vécu une telle expérience, ce qui fait
dire à Evelyn Elsaesser, auteure du livre « Quand les
défunts viennent à nous », qu’« il s’agit là d’un véritable
fait de société ». S’ils demeurent tabous, difficiles
à partager et à admettre dans le cartésianisme de
notre culture, ils n’en sont pas moins vécus comme
puissamment « réels », bouleversants et réconfortants.
Ces contacts peuvent-ils aider le processus
de deuil, l’acceptation de la mort ou, au contraire,
les freiner ? Faut-il chercher le contact à tout prix
ou accepter qu’il nous échappe ? Médecins et autres
spécialistes du sujet nous éclairent sur la question.
Contacts spontanés
« Soudain, j’ai senti physiquement comme une présence chaleureuse et bienveillante accolée tout le long de mon corps. Mon coeur s’est mis à battre très fort. Je savais qu’il s’agissait de mon père. Puis, cette présence s’est doucement décollée de moi et m’a laissée dans une sorte d’euphorie apaisée... Je n’ai jamais oublié ce moment. » Tout comme Élisabeth, de plus en plus de personnes à travers le monde osent témoigner de cette expérience qui échappe pourtant à leur compréhension : celle d’un « contact » avec un proche récemment décédé. Ces expériences déroutantes se produisent généralement dans les premiers jours suivant le décès, voire les premiers mois. D’après les recherches menées par Evelyn Elsaesser, conseillère à l’INREES et cofondatrice de l’IANDS (International Association for Near Death Studies), les VSCD les plus courants se manifestent par un ressenti de la présence « indéniable » du défunt. Le contact peut être également sous forme d’une voix, d’un frôlement, d’une caresse ou d’une étreinte, d’une odeur caractéristique ou encore d’une vision.
Dans ce dernier cas, la personne disparue apparaît généralement en éclatante santé et dans la fleur de l’âge, remplaçant le dernier souvenir parfois accablant par une image lumineuse. Les VSCD se produisent parfois au moment même du décès, en état de veille ou de sommeil, la personne mourante venant annoncer au récepteur son départ, alors que celui-ci n’était parfois ni prévisible ni attendu, comme dans le cas d’un accident.
Notre société occidentale est unique dans son scepticisme.
Contacts induits
Si toute personne endeuillée aspire désespérément à retrouver le contact avec l’être aimé, nombreuses sont celles qui ne le vivent pas, ou pas spontanément. L’absence de VSCD peut alors devenir une vraie souffrance dans le processus de deuil, renforçant le sentiment d’injustice et de non-sens. « Elle ne doit en aucun cas être comprise comme un abandon de la part du défunt, poursuit l’auteur. Nul ne sait pourquoi certaines personnes vivent un VSCD et d’autres non. C’est l’un des mystères qui régissent nos vies et il faut l’accepter comme tel. » Pour y remédier, certains ont recours à des consultations médiumniques afin de tenter de recevoir un message de leur proche décédé. Quand il est réellement talentueux, « le médium fonctionne comme un opérateur téléphonique, une sorte d’antenne pointée vers la conscience non locale et captant une personnalité défunte attirée par la présence du consultant », explique la journaliste d’investigation américaine Leslie Kean.
Dans son dernier ouvrage, « Survivre à la mort », elle relate sa propre expérience auprès d’une médium réputée qui lui livra des informations précises sur son frère décédé, tout en restituant parfaitement, par de nombreuses nuances, la personnalité du défunt. Leslie Kean reçut cette expérience comme un véritable cadeau : « Je sentais que mon frère n’avait pas totalement disparu mais qu’il est présent d’une manière différente. Ces consultations ont rempli le vide douloureux de sa mort prématurée en battant en brèche l’idée de l’irrévocabilité du trépas. » Outre la médiumnité, de nouvelles techniques se développent afin d’induire chez les vivants un contact direct avec un proche disparu. C’est le cas de la transcommunication hypnotique (TCH) créée par le docteur Charbonier. Après s’être aperçu que les individus ayant vécu une EMI avaient été instantanément libérés de la peur de la mort et de la souffrance du deuil, il eut l’idée d’utiliser l’état hypnotique pour faire vivre aux personnes endeuillées le passage dans le fameux tunnel, l’incursion dans l’au-delà et le contact avec les êtres chers décédés. Au final, 67 % des personnes ayant testé cette méthode disent être parvenues à établir ce contact et avoir reçu des informations très personnelles.
Les VSCD les plus courants se manifestent par un ressenti de la présence “indéniable” du défunt.
Un impact positif
« Laisse-moi partir », « Je vais bien », « Je t’aimerai toujours », « Je veille sur toi », « Ne t’inquiète pas pour moi »... Les messages reçus lors des contacts avec les défunts sont généralement empreints d’amour, rassurants et profondément apaisants, d’autant plus que les récepteurs ne pensent pas un instant avoir été victimes d’une illusion ou hallucination. « J’ai l’intime conviction que ce qui s’est passé était réel, parce que le bonheur et le bien-être qui m’ont envahie, je ne les ai pas inventés, mais bien ressentis de tout mon être », témoigne Michèle. Certaines personnes reçoivent également des messages de pardon ou des détails sur les circonstances du décès ou les raisons d’un suicide, ce qui diminue considérablement les sentiments d’incompréhension, de colère, d’injustice et de culpabilité qui ponctuent le processus du deuil. Enfin, ce qui ressort d’essentiel lors de ces expériences, c’est la conviction que la vie de l’être aimé continue de l’autre côté. « Les conseils des défunts de ne pas les pleurer trop longtemps et de poursuivre notre vie en attendant d’être réunis un jour sont d’une importance capitale dans le processus de deuil. En cela, les VSCD sont thérapeutiques par nature », soutient Evelyn Elsaesser. (...)
L'accès à l'intégralité de l'article est réservé aux abonnés de la famille INREES.